C’est l’un des albums les plus remarqués de l’année, paru cet été et réimprimé peu de temps après devant le succès immédiat, cet album de la dessinatrice Cy. est marquant à plus d’un titre.
Dans une usine du New Jersey, les ouvrières peignent à la chaîne des cadrans de montre à l’aide d’une peinture révolutionnaire au radium, une couleur qui a des propriétés fluorescentes qui fait à la fois le succès de ces montres et donnent une aura lumineuse curieuse à ces filles qui passent leurs journées au contact du poison. Personne ne connaît encore les dangers du radium que les employées mettent à la bouche des milliers de fois par jour, pour lisser le pinceau qui permet de peindre rapidement et proprement.
De Ghosts Girls...
Si les Ghosts Girls, comme on les surnomme devant leur halo permanent, découvrent ce premier effet secondaire plutôt amusant, Le Radium jaw (tumeur de la mâchoire, perte des dents et ostéonécrose) apparaît, certaines filles sont malades et le groupe commence à compter les décès. Dans l’usine on minimise, on dissimule et les anciennes ouvrières s’organisent pour tenter un procès dans cette Amérique des années 1910-1920 où les femmes n’ont pas encore le droit de vote. Les Ghosts Girls inconnues du New Jersey seront les Radium Girls pour la postérité, ces femmes dont le combat ont permis de faire bouger les lignes et dont la mémoire perdure dans la littérature et aujourd’hui en bande dessinée.
… à Radium Girls
Adaptant des faits réels, Cy. s’est lancée dans un livre qui décrit à la fois cette tragédie humaine : l’empoisonnement au radium d’ouvrières, la reconnaissance tardive de cette maladie par les autorités sanitaires et la mort dans la pauvreté de beaucoup d’entre elles. Un album qui met en scène le combat de ces travailleuses face au capitalisme ou au patriarcat. Mais aussi une belle histoire d'amitié entre ces filles réunies par un job difficile, mal payé où il faut se serrer les coudes ; liées par l’envie de profiter de leur vie, de disposer de leurs corps et de construire leurs vies ; puis rassemblées une dernière fois par ce tragique destin commun.
Dessiné au crayon de couleur, avec une gamme limitée pour mettre en valeur ce vert radium rehaussé de rouge et de violet, le trait de Cy. permet de mélanger la magie de cette phosphorescence à ces terribles conséquences, de mettre en avant ce groupe d’amies dans un combat contre des entités qui les dépassent en gardant une proximité & une chaleur assez rare avec le lecteur.
Vous avez une chance d’en savoir un plus, ce vendredi à 18h ; et de poser toutes vos questions à l’autrice durant un live Facebook dédié. On espère que vous serez au rendez-vous !
Tous les Lives sont accessibles en replay, la liste des 19 premiers est disponible ici.
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Thomas Mourier
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Illustrations : © Cy. / Glénat