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par Alfro - le 19/05/2014
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par Alfro - le 19/05/2014

Édito #11 : Mais d'où viennent ces bulles ?

Quand nous lisons une bande dessinée, il y a plusieurs conventions que nous avons tellement intégré que nous n'y faisons même plus attention. Les cases et leurs gouttières, le sens de lecture (quoique la lecture des mangas nous force déjà à un petit exercice mental) ou encore les bulles. Mais essayez d'imaginer une bande dessinée sans bulles. Alors certes vous allez en trouver des exemples, souvent expérimentaux, mais cela serait très difficile de repenser toute la BD sans ces petits ballons.

D'où vient donc cette convention finalement assez étrange mais qui semble désormais indispensable ? Nous imaginons assez mal qu'un type, un jour (sans doute après avoir regardé trop longtemps les nuages), ait décidé d'utiliser des petits ballons où les paroles des personnages seraient insérées, comme ça, sans aucune raison extérieure. En fait, l'histoire des bulles remonte à très longtemps avant l'invention du papier.

Nous pourrions déjà commencer avec les Égyptiens (ou les nations pré-colombiennes qui semblent avoir fait la même chose) qui, dans leurs BD géantes, qu'ils gravaient sur la pierre quand le papyrus se faisait rare, inséraient des cartouches où étaient inscris des noms ou la description de l'action. D'ailleurs, les encarts récitatifs seront ceux qui vont perdurer le plus longtemps et nous les retrouvons aujourd'hui sous la forme de rectangle souvent placé en haut de la case et qui sert de champ d'expression du narrateur.

Intéressons-nous plus spécifiquement au phylactère à proprement parler, qui en plus d'être l'émission (essentielle) de Max Bo est le nom consacré de la bulle (de là à dire qu'il y a un lien, faut pas pousser). Celui-ci apparait véritablement dans les gravures du Bas Moyen-Âge, sous la forme d'un papyrus qui flotte au gré du vent et sur lequel sont inscrites les paroles du personnage. Cette première étape sera la seule pendant un moment pour en voir un développement. Il se fera aux États-Unis, aux abords de l'Indépendance au 18ème siècle, quand dans les caricatures politiques, les personnages vont avoir des bulles (des vraies ce coup-ci) qui partent de leurs bouches. On ne parle cependant toujours pas de BD ici, puisque ce n'est pas encore de l'art séquentiel.

La première véritable utilisation des phylactères dans la bande dessinée est encore à trouver de l'autre côté de l'Atlantique. C'est avec le Yellow Kid, légendaire comics (qui est selon un consensus le tout premier comic-strip américain) de Richard F. Outcault, que l'on va retrouver pour la première fois ces bulles. Alors même que les paroles de ce célèbre personnages étaient d'abord inscrites sur son vêtement (toujours indéterminé à cette heure-ci) jaune, il va bientôt se dôter de ces bulles pour pouvoir s'exprimer. À partir de là, les Américains vont progressivement utiliser cet outil bien pratique à toutes les sauces, et il ne tardera pas à essaimer en Europe et au Japon.

La sage petite bulle va prendre par la suite toutes sortes de formes, du nuage de pensée au hérisson de l'exclamation, il va couvrir toutes les nuances du langage. Si bien que certains vont même expérimenter dessus, tel un Richard Starklings qui avant de faire Elephantmen est devenu célèbre pour son travail de lettreur. Certains artistes vont jusqu'à pousser le vice à faire disparaître la bulle pour ne laisser que le texte, pour bien signifier qu'il n'y a rien d'acquis dans la BD, Art qui peut tout se permettre, même de se passer d'un des éléments que l'on pourrait penser indispensables. Si en plus de cela, on relance le débat du lettrage à la main ou à l'ordinateur, les phylactères n'ont décidément pas fini de faire parler d'eux. Tant mieux.

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