Le numéro 3 est en cours de financement sur Ulule jusqu’au 26 mars prochain, et nous sommes allés à la rencontre de Nicolas Forsans, le directeur de la publication pour en savoir plus sur cette sortie, mais également sur le fonctionnement et les coulisses de la revue.
Pour celles & ceux qui ont loupé les premiers épisodes, est-ce que vous pouvez présenter ce projet ?

Nicolas Forsans : NEMU est une revue qui entend donner sa chance à de jeunes artistes qui n’ont jamais été publiés. L’idée est de leur offrir un espace de création ou ils seront encadrés par une équipe de rédaction qui leur permettra d’avancer et de progresser dans un cadre professionnel. C’est comme un télé-crochet pour les chanteurs, mais sans le côté élimination.
Il y a une époque ou lire de la BD dans une revue était monnaie courante. Aujourd’hui cet écosystème n’existe plus, mais nous avons à cœur de le remettre au goût du jour, car NEMU est un outil pour faire grandir les jeunes artistes à l’abri de la pression de la librairie.
Vous êtes au moins six dans l’équipe dont des éditeurices, des auteurices, des pigistes… comment fonctionne la rédaction de NEMU ?
N.F. : C’est important de parler d’équipe et de rédaction pour ce projet qui est animé collectivement. Il y a le directeur artistique Christian Ung, une équipe de rédaction animée par Jeanne Davril, moi-même et Marc Lataste. Une secrétaire de rédaction qui s’occupe aussi de la partie magazine Neila Sekkal, et Enora Chamiot Poncet, notre super community manager, graphiste, maquettiste. Il y a aussi quelques pigistes et bien sûr les artistes qui nous font confiance.

Tout le monde est ultra motivé et s’investit au-delà des prérogatives de chacun. Pour la partie créative de validation des artistes qui rentrent dans la revue. Nous recevons beaucoup de projets (60 pour le numéro 2) et nous discutons de chaque projet entre nous puis nous retenons ceux qui nous semblent le mieux correspondre à ce que nous recherchons.
C’est une revue trimestrielle, avec une thématique à chaque numéro, les œuvres publiées ne sont pas des épisodes à suivre donc, ce sont des histoires courtes qui sont commandées aux auteurices ?
N.F. : En fait, il y a de tout. Chaque numéro tourne autour d’un dossier central consacré à une thématique. La création pour le 1, les histoires d’horreur pour le 2 et le voyage pour le 3 qui est actuellement en financement participatif.

Pour la thématique nous ne prenons que des histoires courtes qui se concluent. Mais on nous a proposé des histoires qui nous plaisaient beaucoup en plusieurs épisodes qui permettent de développer un univers plus vaste que pour une histoire courte. Par exemple, Ethan Ferrant raconte l’histoire d’un passeur d’âmes qui se retrouve confronté à ses anciens démons lorsqu’il doit faire passer son fils. Cette histoire ne collait pas à une thématique et nous avons décidé de la publier en plusieurs épisodes sur l’année 1 de NEMU.
Quels sont les critères de sélection des artistes ?
N.F. : Pour le coup c’est assez subjectif, mais nous avons quand même quelques critères. D’abord nous souhaitons publier des histoires de genres, polar, plutôt orientées ado/adultes. Notre format d’édition est le petit format (A5) et nous ne faisons que du noir et blanc. Il faut donc maîtriser un minimum ces critères.
Au niveau des styles tout est possible, mais clairement nous cherchons des artistes qui sont encore très influencés par leur lectures et qui mixent énormément d’influences asiatiques, mais aussi franco belge et comics. C’est assez normal vous me direz puisque ces artistes veulent créer des choses qui se rapprochent de ce qu’ils ont beaucoup lu. C’est aussi l’intérêt de NEMU, offrir un espace de création qui leur ressemble.
Est-ce qu’il y a un suivi éditorial de la part de la rédaction pour chaque histoire ?
N.F. : Oui j’insiste bien sur ce point. Nous proposons à ces jeunes artistes un vrai cadre d’édition, avec un suivi derrière. Si nous voyons quelque chose qui ne va pas, nous le leur disons. Ce n’est pas juste une carte blanche et on voit ce qu’il se passe.
Nous mettons notre expérience éditoriale au service de ces propositions. J’ai quelques années d’édition derrière moi, c’est ce partage d’expérience qui me semble très important en bd et nous aimerions aussi le remettre au centre du jeu.
Les artistes sont rémunérés, il y a des conseils pour les jeunes auteurices, des dossiers, le magazine s’adresse principalement aux artistes ? Aux curieux.ses des coulisses de la bande dessinée ?

N.F. : Vous abordez un point essentiel, nous proposons une rémunération qui je le pense est largement intéressante par rapport à d’autres projets qui ont plus de moyens que nous. C’est ce qui nous permet aussi d’être exigeants et surtout de ne pas prendre les jeunes pour des idiots. Nous souhaitons qu’ils puissent recevoir une juste rémunération.
La partie magazine s’adresse aux artistes, le partage d’expérience les concerne en premier chef. Mais NEMU s’adresse surtout à tous les curieux de connaître les coulisses de création. On rentre dans les ateliers des artistes, on stimule la créativité par des conseils pour apprendre à dessiner, on crée des liens entre des univers artistiques issus de supports différents. On décrypte des planches d’auteurs confirmés. Et donc vous êtes tous les bienvenus.
Est-ce que les auteurices publié.e.s dans les n° précédents ont publiés des albums depuis ?
N.F. : Non à ma connaissance aucun, à part Marc Lataste qui fait également partie de la rédaction, c’est le tonton qui montre un chemin possible à cette jeune génération qui arrive.
Il y a aussi le studio Myra qui a une expérience dans le webtoon mais pas dans l’édition papier. Certains artistes ont dégoté des contrats d’édition chez de gros éditeurs. C’était déjà le cas de Loïc Cassou (NEMU 1) dont le manga est prévu pour octobre 2025 chez Kana ou plus récemment de Cindy Asselin de Beauville (NEMU 2).

Sur la campagne Ulule, on peut acheter un numéro, s’abonner ou récupérer les numéros précédents, mais vous êtes aussi dispo en librairie et en presse ?
N.F. : Oui toutes les formules existent sur la page de la campagne pour récupérer les anciens numéros. On essaie aussi de proposer des goodies, ici une étiquette pour vos bagages et des cartes postales.
Attention le numéro 0 sera bientôt épuisé il ne faut pas trainer. Il est un peu différent des autres, mais si vous êtes collectionneur c’est le moment de l’obtenir.
Ce numéro 3 bénéficie d’un sommaire incroyable. Le voyage a vraiment inspiré les artistes. On progresse encore et c’est un bon numéro pour nous découvrir, je pense. On va commencer à partager certaines pages des artistes sur nos réseaux que l’on reçoit actuellement. C’est à tomber.
J’espère encourager vos lecteurs à s’abonner pour au moins 2 numéros. Nous, ça nous permet d’avoir un peu plus de visibilité pour sécuriser le projet. Nous avons une communauté naissante et tout ce qui nous permet de nous projeter un peu est comme une bouffée d’oxygène.
Vous avez jusqu’au 26 mars pour soutenir le projet, récupérer des goodies et découvrir les artistes et la revue. N’hésitez pas à suivre leurs réseaux sociaux, ils donnent un aperçu des coulisses ou encore des conseils pour se lancer.