Vous êtes passés devant hier, vous le portez sur vous aujourd’hui et vous le reverrez sans doute demain. Les logos font partie de notre quotidien, pourtant savons nous vraiment quelles sont leurs histoires ? Mais comment raconter ces histoires en apprenant des choses aux lecteurices tout en les divertissant ?
C’est ce pari que David Rault a relevé avec Marques, un album qui s’inscrit dans la lignée de Caractères où il décortique la vie des créateurs des caractères typographiques. Étienne Robial, grand spécialiste de ces questions en a rédigé la préface.
David Rault est un essayiste, graphiste, journaliste (pas d’autre mot en -iste on vous rassure mais d’autres métiers par contre il en a !) historien de la typographie et plus récemment auteur de bande dessinée. Il est rentré dans le monde de la bande dessinée avec une volonté un peu différente : mettre le langage au premier plan.
Marques s’inscrit dans une série de 4 albums : Caractères, le premier de la série, porte sur les caractères typographiques et leurs concepteurs en bande dessinée. Le troisième album explorera la couleur et le dessin et dans le quatrième album, David Rault tournera son étude autour des couvertures de livres en France au XXe siècle. Dans Marques, la fantastique histoire des marques et logos célèbres en bande dessinée, il retrace l’histoire derrière la création et l’invention de 35 marques et de leurs logo tout en analysant leur forme, leur police et leur format.
Lors d’une interview en mars dernier, Edward Gauvin le traducteur de ABCD de la Typographie l’un des premiers albums où Rault conjugue BD et codes typographiques, recommandait ses 5 romans graphiques européens préférés. Dans cette liste se situait ABCD de la Typographie et il expliquait que la France avait connu ces 10 dernières années un renouveau dans le genre de la non fiction graphique. Et en effet, on a vu apparaître de nombreux projets qui ne se situaient pas dans des univers fictionnels. Dans son interview, Edward Gauvin cite la Revue Dessinée dans laquelle on a pu voir des auteurices émergé.es avec cette volonté de représenter le réel en bande dessinée. C’est le cas de Marion Montaigne ou Christophe Blain qui s’inscrivent dans le genre de la bande dessinée documentaire et qui s’intéressent à des faits réels et/ou historiques. Ces auteurices ont la volonté de produire de l’information en explorant un autre pan de ce médium qu’est la bande dessinée.
C’est un challenge de taille auquel font face ces auteurices, parce la BD est, pour l’essentiel de la production depuis ses origines, un médium de fiction. Alors quand David Rault fait le pari de réaliser une BD qui parle de logos, on peut se demander quelle sera sa réception. Et bien Marques à été numéro un des ventes sur Amazon peu de temps après sa sortie. Et pour l’avoir lu, on comprend pourquoi ! Avec cet album, David Rault remporte son pari haut la main : faire une bande dessinée sur l’histoire des logos.
Des logos marqués au fer
Alors faire une bande dessinée sur l’histoire des logos, oui, mais le faire de manière divertissante et ludique ! À l’intérieur de ces 128 pages, on en apprend plus sur ces logos qu’on côtoie tous les jours mais dont on ignore tout.
Il met en lumière les histoires derrière la création de logos si connus qu’ils sont devenus iconiques comme Levi’s, mais aussi des logos moins connus comme Leica. Alors si avec le temps le terme logo est devenu un symbole qu’on associe à une marque, à l’origine un logo est une représentation graphique qui permet d’identifier quelque chose. Dans Marques, David Rault explore les logos comme le fameux symbole « Peace ».
Il évoque le fait que le logo du Tour de France cache un cycliste entre les deux « O » ou retrace plus en détails l’histoire derrière la création de la célèbre pomme croquée d’Apple. Chaque histoire de chaque logo est dépeinte sur une double page dans des petites cases très colorées.
Dans des albums graphiques qui s’appuient sur des faits historiques réels, les auteurices sont amenés à utiliser des données complexes. C’est un autre challenge qui apparaît : celui de manier ces données de façon à ce qu’elles soient lisibles, et qu’elles donnent envie aux lecteurices de tourner la page. Marques réussit bien cette épreuve puisqu’on lit très bien chaque petites histoires et surtout chaque information occupe bien les cases.
Il y en a vraiment pour tout le monde, c’est aussi en ça qu’on peut comprendre le succès de Marques, c’est qu’il peut parler à toute tranche d’âge. Dans un style graphique très coloré et minimaliste, David Rault semble vraiment esquisser les coutures de chaque logos. Le dessin accompagne le propos de manière très légère et permet aux lecteurices d’enregistrer les informations qu’il ou elle trouverait drôle ou étonnante. David Rault fait le choix d’un format plus petit, la couverture cartonnée fait du livre un objet plus facilement transportable et qui prend vraiment l’aspect d’un petit dictionnaire sur l’histoire des logos qu’on pourrait emporter partout.
C’est une BD drôle et ludique qui, même si on ne veut pas en savoir davantage sur l’histoire derrière des logos, alimente notre culture et épanche notre curiosité. L’album est organisé par logo, donc s’il y en a qui vous intéresse plus que d’autres, il est possible d’y revenir plus tard comme un petit dictionnaire dans lequel on peut se plonger facilement en passant d’une page à l’autre selon notre intérêt pour l’histoire d’un logo en particulier.
Si vous voulez briller en société, ou que vous êtes fan d’anecdotes que personne ne connaît (sauf ceux et celles qui auront lu l’album), vous pourrez le faire en racontant comment Gabrielle Chanel a choisi son logo si célèbre mais aussi de savoir que son fameux parfum Numéro 5 est en fait une reproduction de la Place Vendôme vue du haut… Mais on ne vous dit pas tout, le reste vous pourrez le découvrir dans l’album ! David Rault a même laissé des pages vierges pour que vous puissiez dessiner votre propre logo.
Marques, la fantastique histoire des marques et logos célèbres en bande dessinée de David Rault, Lapin
Tous les visuels sont © l’auteur & l’éditeur
