Les bandes dessinées constituent selon moi une excellente porte d’accès permettant de découvrir des personnages célèbres, de s’enrichir tout en se divertissant. Des personnages qui ont marqué l’Histoire, notre société, la littérature ou encore la politique. Des femmes et des hommes aux destins exceptionnels que les bulles rendent accessibles à un large public.
SOMMAIRE :
🔶 Simone Veil ou la force d’une femme d’Annick Cojean, Xavier Bétaucourt & Etienne Oburie, Steinkis
🔶 Divine – Vie(s) de Sarah Bernhardt de Marie Avril & Eddy Simon, Futuropolis
🔶 Les Zola de Méliane Marcaggi et Alice Chemama, Dargaud
🔶 Charlotte impératrice T2 de Fabien Nury & Matthieu Bonhomme, Dargaud
🔶 Le travailleur de la nuit de Matz & Léonard Chemineau, Rue de Sèvres
Simone Veil ou la force d’une femme d’Annick Cojean, Xavier Bétaucourt & Etienne Oburie, Steinkis
Le 30 juin 2017, Annick Cojean, journaliste au Monde, apprend le décès de Simone Veil et se retrouve chargée de rédiger un article sur cette figure emblématique qui a marqué le XXème siècle, une femme qu’elle admirait profondément.
L’occasion pour la journaliste de remonter le temps et de se remémorer ses différentes rencontres avec Simone Veil. Au fil des années et des interviews, un lien s’est tissé entre les deux femmes que la journaliste nous restitue dans cet album. C’est donc au travers du regard d’Annick Cojean que le lecteur découvre les grandes étapes de la vie de Simone Veil. Son enfance à Nice, son amour pour sa mère, les épreuves qu’elle a endurées lors de sa déportation mais également sa vie d’épouse, de mère et de ministre. Les différentes teintes choisies par Etienne Oburie délimitent habilement les deux temporalités et la vie de la politicienne est abordée avec simplicité et clarté.
Un bel hommage rendu et un joli portrait qui constitue une première approche idéale pour découvrir Simone Veil. Une lecture agréable qui ne manque pas d’intérêt et qui retrace avec efficacité le destin exceptionnel de cette icône courageuse et engagée qui a tant œuvré pour les femmes.
Divine – Vie(s) de Sarah Bernhardt de Marie Avril & Eddy Simon, Futuropolis
C’est en 1871 que s’ouvre ce roman graphique retraçant le destin exceptionnel de Sarah Bernhardt. La guerre frappe alors la France et la comédienne décide de transformer le théâtre de l’Odéon en hôpital militaire afin de faire face à l’afflux de blessés.
Puis, Sarah reprend le chemin des planches à l’Odéon et à la Comédie Française. Elle montera également par la suite sa propre compagnie de théâtre et effectuera des tournées à travers le monde. Cet album nous livre le portrait d’une femme passionnée, ambitieuse, insoumise et libre. Surnommée la «Divine», cette actrice au caractère fort et fantasque tient les rênes de sa vie en faisant fi des conventions. Une lecture qui met en avant les temps forts de sa carrière mais aussi ses liaisons amoureuses, ses rencontres avec, entre autres, Victor Hugo et Edmond Rostand ainsi que les moments plus douloureux de son existence.
Après le superbe Confidences à Allah, j’étais ravie de retrouver Eddy Simon et Marie Avril qui font une nouvelle fois preuve de beaucoup de talent avec cette biographie illustrée. Les planches sont superbes avec notamment de somptueuses pleines pages et des personnages expressifs. Le scénario, quant à lui, est habilement découpé en actes et les dialogues succulents.
Un très bel hommage rendu à cette femme fascinante, une remarquable tragédienne qui a marqué son époque. Une bande-dessinée passionnante.
Les Zola de Méliane Marcaggi et Alice Chemama, Dargaud
1863. L’histoire s’ouvre dans un parc aux abords de la Seine. Edouard Manet, crayon en main, croque la scène de sa célèbre toile Le Déjeuner sur l’herbe en compagnie de son ami Paul Cézanne. Parmi les modèles du tableau, on fait la connaissance de Gabrielle, une femme de caractère.
Gabrielle, de son vrai prénom Alexandrine, qui rencontrera lors d’un bal le jeune poète Emile Zola. Une rencontre déterminante dans la vie amoureuse et la carrière de l’écrivain. Ce roman graphique nous retrace le parcours extraordinaire de l’homme de lettres, initiateur du naturalisme avec notamment l’incontournable série des Rougon-Macquart, de son emploi au sein de la publicité chez Hachette jusqu’au Panthéon où ses cendres furent transférées en 1908.
Mais, cette bande dessinée s’attache surtout à nous faire découvrir une facette plus intime d’Emile Zola et évoque principalement les deux femmes de sa vie, Alexandrine et Jeanne. Une lecture vraiment passionnante qui nous replonge dans l’effervescence de la Belle-Epoque. Les planches à l’aquarelle sont superbes et contribuent pour notre plus grand plaisir à restituer l’atmosphère bouillonnante de cette fin du XIXe siècle.
Le destin d’une famille exceptionnelle mais surtout le portrait touchant d’une femme qui a fait passer la vie de son mari avant la sienne. Un récit enrichissant et savoureux.
Charlotte impératrice T2 de Fabien Nury & Matthieu Bonhomme, Dargaud
Après un premier opus captivant, il me tardait de découvrir la suite du destin incroyable et tragique de Charlotte de Belgique.
Nous retrouvons ici le couple impérial en mer, alors qu’il s’apprête à débarquer sur le sol mexicain afin de prendre les rênes du pays. Un pays dont ils ignorent beaucoup, dévasté par la guerre civile, la misère et la maladie.
Si sa vie d’épouse est un échec, Charlotte doit également pallier à la fuite de Maximilien qui ne montre aucun intérêt pour le Mexique. L’impératrice doit gouverner seule et s’affirme de plus en plus, prenant position face à l’armée et au clergé et allant à la rencontre de la population.
Ce deuxième tome, centré sur les premiers mois du règne de Charlotte et Maximilien au Mexique, est encore une belle prouesse de la part des deux auteurs. Charlotte s’impose davantage dans cet album et se révèle être une héroïne avec un caractère fort. Cependant, ses décisions ne seront pas sans conséquences, engendrant complots et trahisons.
Le scénario est toujours aussi palpitant et finement maîtrisé. Quant aux illustrations, j’ai été encore une fois séduite par le coup de crayon de Matthieu Bonhomme et les planches sont somptueuses. Prévue en quatre tomes, cette série historique est vraiment passionnante et de grande qualité. J’ai hâte de découvrir la suite, surtout si elle est du même acabit que les deux premiers opus.
Le travailleur de la nuit de Matz & Léonard Chemineau, Rue de Sèvres
Alexandre Jacob fait partie de ces personnages peu connus qui ont pourtant marqué leur époque et mériterait d’être plus souvent évoqué. Pour ma part, son histoire a été une totale découverte et je suis ravie de celle-ci.
Ce one-shot retrace le portrait d’un personnage fascinant de la Belle-Epoque qui a connu un destin pour le moins tumultueux. De son enfance à sa mort, j’ai été totalement captivée par la vie peu commune que cet homme a menée.
De marin à typographe pour un journal anarchiste ou encore de pharmacien à cambrioleur, Alexandre Jacob est resté toute sa vie fidèle à ses convictions. Les épreuves qu’il a traversées comme, par exemple, ses années au bagne de Cayenne mettent en valeur son admirable force de caractère.
Un homme révolté, cultivé et généreux qui a marqué les esprits par ses actions contre la bourgeoisie. Dès la première planche du récit qui évoque son procès en 1905, j’ai été épatée par son sens de la répartie et par son éloquence face au juge.
La mise en scène est rythmée et il n’y a rien à redire non plus du côté des illustrations qui sont superbes. Une BD qui nous livre le portrait passionnant d’un homme charismatique et engagé. Une biographie touchante avec une destinée incroyable qui se révèle être une excellente surprise.
✏️ Rédactrice invitée : Mes échappées livresques
» Lectrice compulsive depuis mon plus jeune âge, je me balade au gré des pages dès que j’ai un moment de libre. L’éclectisme me caractérise et les bulles m’ont offert de belles découvertes ces dernières années. La création de mon blog Mes échappées livresques m’a permis de partager mon amour des livres avec d’autres, de défendre bec et ongles mes coups de coeur et d’allonger ma pile à lire de manière démesurée.”
Découvrir son blog, son compte instagram ou page Facebook où elle partage ses coups de coeur.
Image principale © Marie Avril / Eddy Simon / Futuropolis