
gg, jeune autrice canadienne, signe ici son premier album. Et ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est son sens de l’esthétique. Sa couverture délicatement pastel, qui sera la seule touche colorée de l’album, puis ses nuances de noirs et gris principalement en aplats.
Sensible et minimaliste, son graphisme entre en résonance avec l’économie de mot et de contexte de son histoire. Celle d’une jeune fille dont les parents immigrés sombrent vers la sénilité, et d’un quotidien de rêveries et de souvenirs vaporeux.
Empruntant au cinéma Nouvelle Vague, il y a du Kiriko Nananan dans les compositions, la féminité et les aplats de gg, mais aussi du Jun Mayuzuki dans la décomposition des mouvements et le découpage et du Minetarō Mochizuki dans la précision des gestes et postures.
Déployant métaphores et non-dits, l’autrice manipule l’art de l’évocation invitant à la libre interprétation. Maladie, déracinement, surmenage, passage à l’âge adulte, solitude et abandon, planent sur cette tranche de vie intimiste, mélancolique et sensible. Cultivant l’incertitude, cette œuvre à l’aspect évanescent, quasi évaporé, fascinera grâce sa faculté de faire ressentir l’indicible.
Je ne suis pas là de gg, Tanibis
Sortie avril 2021, traduit par Madani
Illustration principale : © gg / Tanibis