La fantasy est à la mode, mais le genre est difficile : les lecteurs veulent à la fois du cliché et de la nouveauté, des marqueurs du genre et de l’inattendu. Les auteurs doivent donc souvent évoluer sur une fine ligne, entre valeurs sûres et nouvelles idées.
Et c’est ce que fait Bruno Bessadi : le scénario de son Ogre-Lion ne révolutionne pas le genre, mais il est très prenant. Et on peut en dire autant du dessin: clair, lisible et très agréable à l’œil, il sert l’histoire sans pour autant l’écraser.
Médiéval fantastique et animaux antropomorphes
Le scénario, d’abord : dans un monde médiéval fantastique peuplé de personnages anthropomorphes, un farouche guerrier lion va devoir faire équipe avec un jeune chevreau inoffensif.
Le premier n’a que quelques bribes de souvenirs, dans lesquels il voit ses enfants massacrés l’accuser de leur meurtre. Et quand il tente de se suicider pour échapper à ces pensées, un démon s’empare de son corps et massacre tous les carnivores qui se trouvent à portée.
Le second, enlevé par une secte, cherche tout simplement à rentrer chez lui sain et sauf.

Entre Conan et Les 5 Terres
L’improbable duo se lance sur les routes, le lion espérant que son compagnon pourra glaner des informations en interrogeant son démon pendant ses crises, le chevreau cherchant simplement un compagnon suffisamment fort pour le protéger.
Leur voyage est prévu pour durer trois tomes – et au vu de ce qui se passe dans ce premier, des détours sont à prévoir pour nos héros, qui en cours de route vont trouver de nouveaux compagnons.
Un barbare habité par un démon encore plus redoutable que lui, des rois et des châteaux, un brin d’intrigue politique, des combats épiques : les amateurs de fantasy ne seront pas dépaysés. Des tonnes de références, anciennes comme Conan ou nouvelles comme Les 5 Terres, viennent directement à l’esprit quand on feuillète L’Ogre-Lion. Pour autant, ce premier tome met en place suffisamment de questions et de mystères pour se démarquer, et pour que l’on ait définitivement envie de lire la suite.

Un artbook pour s’entraîner
Et quid du dessin ? Bruno Bessadi maîtrise ses personnages : cela fait près de douze ans qu’il s’exerce à les dessiner (de très jolies pages de croquis sont d’ailleurs ajoutées à la fin de l’ouvrage). En 2019, il avait d’ailleurs crowdfundé un artbook, Le Lion Barbare, qu’il qualifie de « terrain d’entraînement » pour cette bande dessinée. Il sait aussi installer des ambiances, jouer avec les couleurs, dynamiser des pages, faire en sorte que la narration soit fluide et transparente.
Son trait, allié à son parti-pris de base (les animaux anthropomorphiques), permet aussi de mettre en scène une certaine violence – voir une violence certaine – sans pour autant que cela soit trop choquant ou trop graphique, et donc de rendre cette bande dessinée accessible à des publics d’âges très différents.
Cette histoire, publiée chez Drakoo, c’est pour Bruno Bessadi « un rêve qui se réalise », annonçait-il. Un rêve prévu en trois actes, donc. On a hâte de découvrir les deux suivants.
L’Ogre Lion; tome 1: Le lion barbare, de Bruno Bessadi, éditions Drakoo, parution le 19 janvier 2022
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Images © Bruno Bessadi / éditions Drakoo