Ceux qui étaient tombés sous le charme de son premier livre ne s’y étaient pas trompés : Joris Mertens est un nouvel auteur belge qu’il faut suivre ! Dès le départ, on retrouve de nombreux éléments qui faisaient le charme de Béatrice, notamment la ville qui était déjà omniprésente par ses décors détaillés et sa grandeur. Le dessin aussi dense que vivant également, à mi-chemin entre le réalisme et le crayonné. On reconnait aussi les lumières et la palette de couleur resserrées sur le noir, le brun et le rouge, qui donne une tonalité nostalgique et dramatique aux planches.
L’auteur ne s’enferme pour autant pas dans la redite. Commençant comme une tranche de vie tragi-comique, son récit s’accélère et s’intensifie dans sa deuxième moitié, flirtant avec le thriller. On suit cette fois-ci François, un livreur, célibataire à quelques encablures de la retraite et au quotidien bien rodé. Une cigarette à la fenêtre, un petit Lotto au kiosque du coin – l’occasion idéale pour voir Maryvonne, une petite mousse chez Léo, et hop, direction la laverie pour faire sa tournée de distribution… sauf que cette fois-ci il y aura quelque chose qui fera basculer son destin !
Si sa bande dessinée est dialoguée (sans être bavarde), elle conserve une fluidité à toute épreuve et procure un sensationnel plaisir de lecture. Ses cadrages et sa mise en scène sont cinématographiques, ses personnages parfaitement caractérisés, ses passages silencieux limpides et son extraordinaire atmosphère parvient même à rendre tangible les aléas climatiques.
Nettoyage à sec de Joris Mertens, Rue de sèvres
Illustration principale et extraits : © Joris Mertens / Rue de sèvres


