Série culte de Pat Mills et d'Olivier Ledroit, Requiem : Chevalier Vampire, comme les habitants du monde qu'on nomme Résurrection, retrouve sa place ce mois-ci chez Glénat, dans une réédition qui vous permettra de (re)découvrir ce gros morceau de la culture franco-belge.
Et puisque c'est l'occasion pour un nouveau public de découvrir le monde complètement fou de Requiem, nous avons décidé de vous offrir une petite critique de cette nouvelle édition. Replongeons tout d'abord dans Résurrection, sorte d'envers de notre monde, qui serait l'endroit, où tout est inversé. Là où il y a la terre, il y a la mer, le temps s'écoule dans l'autre sens et les joyeux et monstrueux habitants de cet univers terminent leur journée en se disant "à hier !"
Qu'on se le dise, en 2016, l'univers développé par Par Mills et Olivier Ledroit n'a rien perdu de sa superbe et de sa folle majesté. Il est toujours aussi impressionnant de découvrir les recoins de Résurrection, peuplés de morts-vivants, ou plutôt d'êtres entamant ici une seconde vie. L'architecture, les couleurs et les technologies de cet univers sont toujours aussi accrocheuses, et témoignent de la créativité sans limite du 9emeArt, même pour sa branche franco-belge, parfois jugée trop sage.
C'est justement cette créativité qui transforme l'arrivée du lecteur - et celle de Heinrich, le personnage principal - en fascinante découverte, là où un monde plus convenu nous aurait sans doute assommé par tant d'exposition. Mais puisque Réssurection est un monde très particulier, il convient de l'expliciter, et Pat Mills, accompagné des superbes cadrages d'Olivier Ledroit, s'en tire à merveille.
Et si lorsqu'arrive enfin les premiers enjeux de l'histoire, ce premier album nous laisse sur un cliffhanger un peu frustrant, c'est aussi parce que nous voulions passer un peu plus de temps - et donc rajeunir, si vous suiviez bien - dans les rues de Résurrection. Même après plusieurs lectures, on vous avoura avoir du mal avec ce déclenchement assez tardif de l'action, qui a tôt fait de nous laisser sur notre faim. Mais voyons le bon côté des choses : puisque Glénat réedite la série, nous aurons un tome à nous mettre sous nos dents de vampires tous les deux mois.
On ne boudera pas notre plaisir tant l'imaginaire déployé par Olivier Ledroit est unique, encore aujourd'hui. Bourré de fantastique et d'horreur classiques, son bestiaire évolue dans des tableaux qui n'ont rien à envier aux surréalistes, et qui feraient rougir Tim Burton tant chaque case transpire le gothique. Petit plus de cette réedition, huit pages de croquis sont glissées à la fin de l'album. Et si elles ne sont pas suffisantes pour justifier l'achat, elle pourraient satisfaire les complétistes.
Impressionnant d'originalité et de bizarreries, Requiem : Chevalier Vampire est une histoire qui cherche encore son rythme dans ce premier tome. Mais qu'on connaisse ou non la suite, on ne pourra que saluer l'incroyable univers déployé par Mills et Ledroit depuis 2008.