Jessica Kohn, enseignante-chercheuse en Seine–Saint-Denis, a soutenu une thèse « »Travailler dans les Petits Mickeys » : les dessinateurs-illustrateurs en France et en Belgique de 1945 à 1968 » en 2018 dans laquelle elle revient sur le phénomène d’invisibilisation des femmes dans le contexte de la bande dessinée. Un thème qu’elle précise dans un article « L’invisibilisation des femmes dans l’histoire de la bande dessinée » publié en 2017.

Allez un peu d’histoire (qui parle de BD)
Un article et une thèse qui ont suivi la polémique de janvier 2016 où la liste des auteurs éligibles au Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême (FIBD) ne comportait aucun nom d’autrice sur 30 propositions (lire ici l’édito du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme ici).
La Cité Internationale de la BD et de l’image à Angoulême a proposé une table ronde « Bande dessinée : où sont les femmes ? » le 30 janvier 2016, suite aux différentes prises de paroles et Jessica Kohn était parmi les intervenants avec Johanna Schipper, Pierre Nocerino, Marion Amirganian et Sylvain Lesage en modérateur.
Dans cette discussion, les intervenants sont revenus sur plusieurs discours, notions ou assertions qui conditionnent la place des femmes, leur représentation, leur visibilité dans ce milieu éditorial. Considérations sociologiques, éditoriales, culturelles et économiques à partir de cette communication controversée de la part du FIBD pour rappeler que l’Histoire est aussi une construction, et que si les femmes en sont absentes il faut plus chercher du côté de leur invisibilisation que de leur absence (vous pouvez retrouver un compte rendu par Irène Le Roy Ladurie ici).
On revient à l’article de Jessica Kohn qui développe son propos, en l’illustrant de liste de nom d’autrices de BD oubliées (avec un exemple parlant : « sur une liste de 36 dessinatrices et illustratrices antérieures à 1968, seules 4 étaient recensées dans les dictionnaires et les histoires de la BD comme autrices à part entière : Nadine Forster, Marie Mad (Marie-Madeleine Bourdin), Claire Bretécher et Liliane Funcken. »)
De l’article aux planches (et gags)
De nombreux facteurs sont à prendre en compte pour comprendre cette invisibilisation et Marine Blandin a réussi à transformer ces notions en une courte bande dessinée humoristique pour en comprendre les grandes lignes.
Un exercice complexe pour traduire ces notions tout en restant accessible et ludique, où l’autrice trouve un axe autour de l’une des étapes clefs décrites par Jessica Kohn : la non accession à la publication en album.
Des planches, réalisées dans le cadre du colloque Telling Science Drawing Science, TSDS (La science racontée et dessinée) organisé par l’association Stimuli et l’association La Brèche en Mai 2019.





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La suite à lire sur son site
Pour aller plus loin
Thèse complète de Jessica Kohn : «”Travailler dans les Petits Mickeys » : les dessinateurs-illustrateurs en France et en Belgique de 1945 à 1968»
L’article : Les femmes auteurs de bandes dessinées en France et en Belgique avant les années 1970 : les rendre invisibles de Jessica Kohn dans la Revue de recherche en civilisation américaine (en ligne).
Thèse complète de Pierre Nocerino : « Les auteurs et autrices de bande dessinée : la formation contrariée d’un groupe social»
Notre dossier : Féminisme & Bande dessinée
Notre article : Les autrices & la bande dessinée en 2020
📚 Et les albums de Marine Blandin :
Si vous avez envie de balades oniriques & de paysages incroyables, je vous conseille particulièrement son album Fables nautiques.
Et pour découvrir son travail tourné vers l’humour, lisez La Renarde deux séries de gags animaliers conçus avec Sébastien Chrisostome.
Toutes les illustrations : © Marine Blandin