Dark Vador est assurément la plus curieuse des séries Star Wars lancée par Marvel depuis le rachat de Lucasfilm par Disney. Kieron Gillen y dépeint un Vador certes captivant, mais dont l'intérêt a un coût : celui d'une réinterprétation permanente de la funeste majesté qu'il dégageait dans la trilogie originale. Et après un premier tome qui s'enfonçait dans des concepts finalement antinomiques avec l'esprit et/ou l'esthétique de Star Wars, Kieron Gillen et Salvador Larroca font amende honorable dans un nouvel album plutôt réussi.
Évidemment, pour l'apprécier, il convient de laisser l'image de "meilleur vilain de l'histoire du cinéma" de ce bon Vador au garage. Si Gillen malmène un peu moins l'image du personnage dans ce nouveau tome, son pitch, pour cette seconde partie, pourrait se résumer à celui d'un Parrain ou d'une histoire en tous cas très mafieuse. Dans une ambiance à mi-chemin entre un Game of Thrones galactique et un métrage porté sur les gangsters, le seigneur noir des Sith fait en sorte de maintenir son influence sur la galaxie et de court-circuiter ses rivaux, lancés par l'Empereur à ses trousses.
Certes, ceux-ci seront toujours aussi loufoques dans leur apparence ou leurs attitudes, mais les pions sont convenablement installés, et l'histoire se déroule donc sans heurts, malgré sa densité. Si on déplore quelques petits problèmes de fluidité, les pages s'enchaînant parfois très rapidement - tout un introduisant toujours plus de personnages et d'enjeux - l'intrigue se laisse déguster et nous réserve quelques moments épiques. Comme l'annihilation d'une cellule rebelle par Vador ou une infiltration dans le bas-fonds d'une planète peu fréquentable par Aphra.
En ce sens, Gillen nous livre un vrai petit blockbuster de comic book, fort de belles scènes d'action, d'un certain suspense et de pas mal de rebondissements. Et si le scénariste s'amuse toujours à revoir l'esthétique et les concepts de Star Wars à sa sauce, la vitesse de croisière qu'il a prise rend l'expérience de lecture plus appréciable, et les irrévérences, moins explicites.
Par ailleurs, le scénariste, toujours accompagné par Salvador Larroca, profite des talents de son compagnon, qui s'avère plus en forme encore que dans le tome précédent. Là où le dessinateur s'épuisait au fil des chapitres, il renoue avec une certaine bravoure dans cette nouvelle dynamique, qui l'encourage à crayonner toujours plus d'environnements et d'espèces. Un renouvellement constant qui préserve l'artiste d'un ennui graphique, et qui fait franchement plaisir à voir.
Plus maîtrisé que son prédécesseur, ce nouveau tome des aventures de Dark Vador sera moins difficile à avaler pour les fans de Star Wars, et toujours aussi appréciable pour les autres lecteurs, qui profiteront d'un titre solide, tant dans ses dessins que dans son intrigue.