Ce mois-ci chez Panini Comics, la collection Marvel Now accueille la série New Avengers de Jonathan Hickman et Steve Epting, dont les six premiers numéros se voient compilés dans ce premier tome. Des aventures parues il y a un petit bout de temps déjà en kiosque, et encore plus aux Etats-Unis, mais la sortie de l'album était l'occasion rêvée pour revenir sur la seconde série vengeresse du scénariste.
Jonathan Hickman est en effet l'architecte de l'univers Marvel - en tous cas du côté des Avengers - depuis le relaunch Marvel Now, et il a repris deux des variantes de l'équipe de héros pour leur donner une direction plutôt cosmique. Ainsi, la série Avengers principale jouait déjà avec l'infinité de l'espace, tandis que New Avengers pose tranquillement les bases d'un une intrigue complexe à base d'univers parallèles. Dans une série comme dans l'autre, on retrouve donc les plus grands héros de la terre dans un écrin vaste, qui frôle doucement la science-fiction et l'ésotérisme.
Pas étonnant de voir le scénariste opter pour un roster tout à fait étonnant pour sa série New Avengers, donc. Point de seconds couteaux ou d'équipe rajeunie ici. Nous avons affaire aux plus grands, j'ai nommé les Illuminitis : Flèche Noire, Black Panther, Docteur Strange, Reed richards, Tony Stark et Captain America. Une sorte de concile secret chargé de veiller sur la Terre et d'écarter tous les dangers qui la menancent. Et autant vous le dire tout de suite, ces derniers seront colossaux dans ce premier tome, puisque notre belle planète bleue risque l'explosion à la suite d'une perturbation entre les lignes qui composent les univers parallèles chers aux comic books. Et Jonathan Hickman ne prend aucune pincettes et va droit au but : son scénario explose dès les premières pages, et on se retrouve vite pris au beau milieu d'une histoire qui joue sereinement avec des colisions de planètes et d'univers parallèles.
Premier grief, en commençant très fort, Jonathan Hickman ne nous laisse pas le temps de souffler. Le monde est menacé, et on cherche à le sauver dès les premières pages de l'album. Certes, le scénariste ne perd pas de temps, mais il se prive d'une contextualisation qui aurait rendu le danger plus important : et y-a-t-il quelque chose de plus menaçant que la fin du monde ? A défaut, Hickman s'attache à faire passer ses enjeux scénaristiques dans d'excellents dialogues. Pour un titre Avengers, ce premier tome pourrait d'ailleurs parâitre bavard et chiche en action, et ma foi, il faut reconnaître que les combats sont peu nombreux, et que les phylactères sont chargés. Mais ce traitement plus littéraire de l'équipe correspond à merveille à ses membres, sensés représenter la fine fleur des terriens.
Il ne faudra donc pas s'attendre à des batailles gigantesques et des punchlines bien senties, mais pour le coup, on ne peut pas repprocher à Jonathan Hickman le traitement son approche, totalement maîtrisé, fort de belles tirades et de passages forts, qui rendent honneur à la géopolitique complexe de l'univers Marvel. Mieux, le scénariste semble à l'aise avec des personages comme Doctor Strange ou Flèche-Noire, deux protagonistes qui n'ont pas toujours la chance de tomber sur des écrivains inspirés. A croire que Jonathan Hickman se retrouve dans ces héros plus "intellectuels" qu'il va mener aux quatre coins des mondes.
Pour le coup, le rythme est soutenu, et les péripéties assez intéressantes pour nous tenir en haleine, malgré la composition somme toute classique des pages, qui trouve une certaine utilité lors des longs échanges entre les différents Illuminatis, mais qui manque souvent de dynamisme. Il faut dire que le trait de Steve Epting va à s'affaissant au film des numéros. Plutôt inspiré dans le premier chapitre, l'artiste va nous livrer des planches plutôt agréables et fournies en détails. Mais au fil des pages, le trait se fait moins précis, les visages moins poignants et les cases globalement moins séduisantes. Mais comme Hickman retombe sur ses pattes en accordant le côté bavard de sa série avec la nature de ses personnages, Epting marie sa précipitation à des effets de styles. Par exemple, il préfèrera les fonds-noirs aux décors pour illustrer les discussions entre les Illuminatis, cachant ainsi son manque de temps par une réalisation qui exarcebe le texte, et laisse l'image au second plan. Plutôt malin. Heureusement, on se rattrape avec les superbes couvertures de Jock, invité à capturer l'esprit de chaque numéro pour l'occasion, et avec l'édition Marvel Now de Panini, un standard qui a fait ses preuves et qui continue de nous convaincre.
Dans l'ensemble, New Avengers tome 1 est un bel album, fort d'une approche et d'un roster originaux. Si les dessins sont un peu en retrait, les dialogues et l'originalité des thèmes abordés, plus proches du fantastique que du super-héros, subliment une histoire classique et efficace. N'hésitez pas à jeter un œil à cette série cousine d'Avengers, d'autant plus que les deux histoires gagnent à être lues en duo.