Lancée en 1983 par George A. Romero, Tales from The Darkside (ou Histoires de l’Autre Monde en français) était une série d’horreur anthologique dans la veine de La Quatrième Dimension ou Au-Delà du Réel, nous contant de terribles mais parfois drôles d’histoires empruntes de paranormal, et souvent de beaucoup d’ironie. Disparue après 90 épisodes et un film, la série a failli revenir il y a quelques temps chapeautée par un nouveau maître de l’horreur, Joe Hill, a.k.a le papa de Locke & Key. Mais la série ne s’est pas faite, et les premiers scripts de Hill se sont retrouvés compilés en comic books chez IDW, et désormais publiés dans un recueil chez Milady.
Mise en images par le compère de Joe Hill sur Locke & Key, a.k.a Gabriel Rodriguez, la série se compose de trois histoires sur quatre numéros. Si l’idée de départ est anthologique, Hill commençait à y développer une mythologie centrale venant relier les différentes histoires entre-elles via le Darkside et un personnage central dont l’histoire nous est racontée dans les deux numéros centraux. Une idée intéressante, particulièrement face au constat de ce premier et unique volume qui nous montre les limites de la série sur papier.
Là où Locke & Key avait le temps de développer ses histoires en volumes, ici un numéro d’une vingtaine de pages correspond à ce qui aurait été un épisode à l’écran, et on constate rapidement que ça laisse peu de temps à Hill pour développer la profondeur de ses histoires. Heureusement pour lui, il reste très bon quand il s’agit de caractériser ses personnages, et on comprend rapidement le fonctionnement et les enjeux de chacun. Mais tout avance un peu vite vers une conclusion rapidement comprise par le lecteur.
C’est ainsi que le premier numéro se trouve être le plus faible, avec une histoire isolée et assez convenue, avant un double épisode qui ne manquera pas dans un premier temps de nous rappeler l’ambiance nostalgique de Stranger Things, avant de basculer dans l’horreur plus proche de la série originale et du style de Hill. Une histoire tristement avortée puisqu’elle laisse sa conclusion en suspens à son apogée, avant de nous laisser sur le numéro/épisode le plus intéressant venant conclure cette « expérimentation ». Un aperçu des incursions du Darkside dans notre monde, mises en lumière par les meilleurs porteurs de l’horreur : des enfants démoniaques, avatars malsains de l’innocence perdue.
Au dessin, Gabriel Rodriguez parvient à reproduire la formule qui avait tant fonctionné sur Locke & Key, à savoir la froideur horrifique née de l’entrechoquement entre notre monde bien réel et des touches de monstres et d’éléments fantastiques. Le tout avec un talent certain pour représenter les multitudes de visages et d’expressions parcourant l’univers imaginé par Joe Hill.
Si ce volume unique de Tales from the Darkside nous montre une très bonne intention et un superbe concept, il ne parvient pas à pallier au sentiment d’inachevé inhérent à l’annulation originale de la série. Il n’en demeure pas moins une bonne lecture, mais qui ne vaut largement pas les 19€90 demandés par Milady dans son édition, malgré une galerie de couvertures et une interview des créateurs de la série, et une postface de Joe Hill.