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Incontournables
par Thomas Mourier - le 5/06/2020
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par Thomas Mourier - le 5/06/2020

TOP10 : Freaks flics

Les super-héros c’est bien beau mais quand il y en a trop ? Cette série inverse les codes en présentant un monde où tout le monde a des pouvoirs, laissant les flics de quartiers comme dernier rempart.

Après son travail de déconstruction du genre super-héroïque sur Watchmen (Lire l’incontournable) et une série de conflits avec les grandes majors Marvel et DC comics, Alan Moore lance une nouvelle collection ABC (America’s Best Comics) chez Wildstorm. Avec La Ligue des gentlemen extraordinaires (Lire l’incontournable), PrometheaTom Strong & Top10. Un renouveau dans le paysage des comics qui propose une alternative aux traditionnels héros masqués, avec humour et esprit, chaque série creusant un sillon bien particulier (malheureusement pour nous Jim Lee céda son label à DC Comics et Moore annonça qu’il s’arrêterait assez vite…)

Top 10 présente un monde où tout le monde possède des pouvoirs (même les animaux n’échappent pas à la règle) ce qui rends les super-héros presque inutiles, et le titre se concentre sur un commissariat de quartier et ses employés qui sont là pour maintenir l’ordre dans Néopolis. L’une des références célèbres de la bande dessinée est le copshow Hill Street Blues, une série du début des années 80 qui s’intéressait au destin, aux interactions entre les personnages ainsi qu’aux questions de société.

TOP10 Alan Moore, Gene Ha & Zander Cannon, Urban. Comics

Pour les flics du 10e district, ce sera la même chose derrière les arrestations spectaculaires, les intrigues se nouent autour de problématiques de la vie en société et de l’acceptation. Il sera question de racisme, de religions et d’exclusion, mais aussi de thèmes plus dérangeants comme le viol ou l’inceste. Pour le scénariste anglais tous les humains, mutants ou non restent humains avec ce qu’il y a de meilleur ou de pire. Malgré un humour noir bienvenu, les situations et les émotions sont traitées sans cynisme par les auteurs. Alan Moore, Gene Ha et Zander Cannon ont créé un univers crédible et attachant ; un monde qui ne semble pas avoir de limites dans la démesure sans jamais tomber dans le grotesque ou la parodie.

L’un des grands talents de Moore est de faire intervenir des références, des citations ou des archétypes qu’il intègre dans des histoires. Les oeuvres du Barde de Northampton restent politiques sans tomber dans la propagande, les protagonistes de ces histoires sont à la fois des personnages forts que l’on suit autant que les incarnations d’une partie de notre société dépeinte derrière l’illusion du genre. Comme souvent les allusions à des oeuvres classiques ou à l’âge d’or des comics, les propositions méta-textuelles abondent. La réflexion sur la forme et le fond ne quittent jamais le travail du scénariste. Idem dans les cases de Gene Ha et Zander Cannon qui parsèment les décors de références cachées et de clins d’oeil à leurs amis Superman, Spider-Man

Moore s’entoure d’artistes ayant une vision assez moderne et innovante du médium tout en cultivant un style qui rend hommage aux productions plus anciennes. Un travail double souvent accompagné par la couleur qui souligne cette idée.

Le style précis et réaliste de Gene Ha donne une dimension réaliste et humanise terriblement les personnages. Les situations tragiques qui sont le lot de ces policiers ou les drames personnels qui parcourent leur histoire sont d’autant plus mis en avant par cette approche extrêmement détaillée et riche, mais qui reste lisible par les néophytes. Pas de questions à se poser sur quoi lire sur ce titre, Urban comics vient de publier toute la série & associées en un monovolume.


Illustration principale : © Alan Moore / Gene Ha / Zander Cannon / Urban Comics / Vertigo

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