Le temps de 2 tomes, Akane Torikai décrit ce que pourrait être un de nos futurs dans une dystopie féministe peu reluisante. Et c’est ce qui fait tout son sel et sa force. Car, l’autrice aurait très bien pu dépeindre un monde idyllique sans homme et dans lequel les femmes vivraient leur plus belle vie… mais plus on tourne les pages et plus le malaise est présent. Dans cette société matriarcale dans laquelle les hommes sont devenus rares et n’ont pour seul rôle que de faire perdurer l’espèce. La guerre et les conflits ont pris fin, néanmoins le bonheur n’est pas pour autant à portée de toutes. L’oppression vécue par les femmes jusqu’alors méritait-elle la construction d’un futur en miroir sans demi-teinte ?
Intelligente, la mangaka prouve une nouvelle fois qu’elle arrive à questionner au travers de récits courts tout en mettant volontairement mal à l’aise. Sa narration s’approprie la contrainte du diptyque en lui permettant de construire un avant et un après, du premier regard étonné aux agissements et révélations. Ses dessins en lavis soutiennent son traitement vaporeux. Tout n’est pas parfait ou ne parait tout simplement pas assez développé, mais l’ensemble de sa pensée et de sa vision utopiste se pare d’un dessin et d’une narration éthérée réflexive esquivant la facilité.
Le siège des exilées d’Akane Torikai, Akata
Sortie avril 2021
Illustration principale : © Akane Torikai 2018 / KADOKAWA CORPORATION
Traduction : Gaëlle Ruel