Au Royaume Magique, elle occupe une place fondamentale dans la vie des gens : tout le monde maîtrise la magie à des niveaux divers. Et cela à son importance car le niveau d’excellence magique d’un individu définit son statut social. Mais dans ce monde très rigide et traditionnel qui ne fait aucun cadeau aux « faibles », Mash Burnedead fait figure d’exception : il est incapable d’utiliser la moindre forme de magie.
Pour lui permettre toutefois de s’en sortir dans ce monde sans pitié, son grand père pris la décision de le cacher et de l’initier à la musculation. À force de squats, développés couchés, soulevés de terre et autres exercices répétés depuis son plus jeune âge, Mash est ainsi devenu l’être le plus fort du Royaume. Mais le quotidien de la petite famille est perturbé lorsque, pour sauver son grand-père, notre héros n’a d’autre choix que de s’enrôler dans une prestigieuse école de magie. Pour lui qui en est totalement dénué, c’est le début des galères…
Couplez My Hero Academia à One Punch Man, le tout dans l’univers d’Harry Potter, secouez bien et dégustez : voici Mashle Magic and Muscles ! Shonen déjanté pré-publié dans le Weekly Shonen Jump, le titre s’inscrit dans la tradition des mangas au héros « super-abusément-fort », mais aussi « super-abusément-débile ». Et la recette a quelques relents de déjà-vu, mais reste efficace et plaisante à découvrir.
Les inspirations de One Punch Man sont évidentes : le héros est physiquement invincible (en tout cas face à la magie), et l’auteur Hajime Komoto reprend l’habitude si caractéristique de Yusuke Murata (le dessinateur de One Punch Man) de jouer avec les visages de ses personnages pour signifier la surprise, l’indifférence, etc. Pour être tout à fait franc, cette inspiration très forte qu’on qualifiera gentiment d’hommage peut presque donner l’impression d’un copiage en règle, tant les personnalités et les physiques de Saitama et de Mash sont proches.
De fait, si One Punch Man ne vous intéresse pas il y a peu de chance que vous soyez convaincu par Mashle. De même si vous êtes un inconditionnel du titre de One, vous risquez de ressentir un très fort déjà-vu. Cette proximité constitue la plus grande faiblesse du titre, qui du coup manque un peu d’originalité, mais fait aussi paradoxalement sa plus grande force : l’humour est sensiblement le même, et fonctionne tout aussi bien pour peu qu’on en soit friand.
Néanmoins, au delà de ses ressemblance flagrantes avec One Punch Man, Mashle nous fait de vraies propositions et ne se contente pas QUE d’adapter le concept de Saitama à un monde de magiciens. L’intrigue est intéressante, de même que les personnages, et le monde installé par Hajime Komoto promet de nous réserver de nombreux secrets. On comprend assez vite que la série entière est à prendre au second degrés, en débranchant son cerveau pour apprécier une bonne histoire peuplée de personnages un peu débiles et de situations rocambolesques.
Au niveau stylistique, on est très proche de Yusuke Murata, et le dessin reste relativement classique et sage par rapport aux autres publications du Shonen Jump. Quelques morceaux de bravoure sont tout de même à saluer, l’auteur se permettant ça-et-là des explosions graphiques en pleines pages tout à fait magnifiques.
Pas prise de tête, drôle et décomplexé, Mashle est une découverte sympathique qui, sans marquer de manière indélébile l’histoire du manga, saura sans aucun doute trouver son chemin dans le cœur des fans.
Mashle Magic and Muscles par Hajime Komoto, Kazé, traduit par Jean-Benoit Silvestre
Illustration principale : © Mashle / Hajime Komoto / Kazé