Après 37 ans de carrière, Naoki Urasawa est un des auteurs de seinen les plus connus, appréciés, lus et primés au Japon, en France et à l’international. Yawara !, sa plus longue série à ce jour et son premier énorme succès, était pourtant jusqu’à aujourd’hui encore totalement inédit chez nous. Longtemps attendue par les fans de la première heure, c’est dans une version de luxe que nous avons à présent le privilège de découvrir ce manga.
Les premiers pas de Naoki Urasawa en solitaire
1986. Après le début de la parution des premiers chapitres de sa toute première série Pineapple Army (sur laquelle il n’a que partiellement la main sur le scénario), Naoki Urasawa a déjà envie de se lancer dans un manga qu’il maîtrise de bout en bout. Alors que son éditeur le pousse à écrire une comédie romantique (genre qui a la côte à l’époque), il décide de détourner les attentes et se lance dans une parodie de comédie romantique sportive. Car si en apparence Yawara ! est un manga de sport, il est très rapidement évident que le mangaka ne se laisse pas enfermer dans le genre. Il détourne même les codes des deux genres en prenant une héroïne forte, qui maîtrise déjà le judo et met tout le monde à terre dès les premiers chapitres. De la même manière, elle n’a pas une seconde à elle pour vivre sa vie d’adolescente. Tandis qu’elle aimerait papillonner et conter fleurette, son grand-père la pousse à s’entraîner afin qu’elle devienne championne nationale et olympique.
Un succès immédiat au Japon
Si l’auteur a levé le pied depuis qu’il a la cinquantaine, il a cumulé pendant plus de 20 ans la publication de deux séries en parallèle. Il doit cela à deux choses. Son incroyable capacité à créer, suivant le modèle de son mentor Osamu Tezuka (tout en se rendant rapidement compte qu’il lui était impossible d’être aussi prolifique que lui), mais également le succès immédiat qu’il rencontre à la publication de Yawara !.
Alors qu’il vient de commencer sa carrière, sa simplicité, ses dessins pleins de charme, son humour et son rythme entraînant séduisent les lecteurs. Dans la droite lignée des titres comiques des années 80, Naoki Urasawa se donne à cœur joie dans la caricature, l’humour choral et de situation, comme on peut déjà l’apprécier au Lézard noir avec Stop !! Hibari-kun ! de Hisashi Eguchi.
Sa série repose sur un scénario finalement élémentaire qui donne la part belle à ses personnages et à sa maîtrise de la narration. Humour et rythmique au diapason, cette œuvre est bien vite adaptée en film, en dessin animé et gagne le Prix Shôgakukan en 1990. Son impact est si important que la judoka japonaise Ryôko Tani (médaillée d’argent des Jeux olympiques de Barcelone de 1992) est surnommée « Yawara-chan ».
Une édition luxueuse pour une année sous le signe d’Urasawa
Les éditions Kana ont souhaité proposer le plus bel objet possible pour la parution de cette série. Ils ont ainsi opté pour la version deluxe japonaise qui regroupe les 29 tomes originaux en 20 tomes. Sous un grand format identique aux éditions deluxe de Monster et de Master Keaton, le lecteur découvrira la série avec des planches retravaillées, les pages couleurs de la prépublication et des illustrations de couvertures inédites. C’est assurément la meilleure des manières de découvrir cette œuvre culte !
Avec le démarrage de Asadora ! (lire notre coup de cœur), la parution de son recueil Atchoum !, la réédition deluxe de 20th Century Boys prévue pour le mois d’octobre et la récente sortie de Yawara !, l’année 2020 restera l’une des plus importantes pour Naoki Urasawa sur le marché français. Il ne reste à ce jour qu’une seule de ses séries à être (partiellement) inédite en France. Sa toute première, Pineapple Army, dont nous avons pu lire les premiers chapitres dès 1996 dans Kaméha Magazine et dont seul le premier tome (sur huit) est paru en librairie en 1998.
Illustrations : YAWARA! KANZENBAN © 2013 Naoki URASAWA/Studio Nuts