Impossible de me sortir le vieux générique de la tête en écrivant cette chronique, les deux en fait : Dragon Ball et Dragon Ball Z.La chanson nostalgique du Club Dorothée chanté par Ariane qui rythmait nos semaines et nos discussions de cours d’école.
Vous l’avez compris, on s’attaque au manga culte de plusieurs générations. Le seul qui ait traversé les époques et plaît autant aux trentenaires qui ont vu son arrivée en France enfant qu’aux nouveaux lecteurs d’aujourd’hui.
La publication de cette série, au Japon, aura duré dix ans, de 1984 à 1995 mais les suites, variations, adaptations non pas cessées depuis. Chaque année, un nouvel événement supervisé ou non par le dessinateur est mis en chantier par les studios de productions japonais. Cette année, une nouvelle série animée inédite Dragon Ball Super, prend la suite directe de l’histoire terminée en 1995 et offre du contenu inédit en place des réécritures et reprises habituelles. Et Son Goku a été choisi pour être la mascotte officielle des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 mettant le personnage phare d’Akira Toriyama en lumière pour encore de nombreuses années. Autant d’occasions pour vous proposer de relire cette incroyable saga ou vous y mettre si vous avez la chance de la découvrir aujourd’hui.
Mélange réussi de pop culture et de légendes traditionnelles, d’humour et d’intrigues sophistiquées ; les deux principales influences d’Akira Toriyama transpirent à tout moment dans les premiers chapitres : le conte chinois très populaire du Voyage en Occident (qui a inspiré une quantité énorme d’œuvres de fictions contemporaine) et les films de Jackie Chan. Entre autres !
Et les dialogues comme les traits des personnages se déforment pour épouser tantôt les nobles références et soudain les situations grotesques, les blagues sous la ceinture. Le modèle de Jackie Chan n’est pas innocent, il utilise lui-même ce ressort entre un comique de situation lié à ses personnages idiots qui deviennent soudain dans le feu de l’action des guerriers mystiques investis de forces anciennes.
« -Viens à moi, Ô Phénix !!!
– Personne n’a l’air de venir…
– Euh… à vrai dire, le Phénix est mort d’une intoxication alimentaire.
– Mais oui !!! Maintenant que tu le dis, c’est vrai…
– C’est un Phénix… Et il est mort ?
-Hum…Je pensais appeler le Phénix pour qu’il te donne la vie éternelle, mais… »
Le dessin d’Akira Toriyama fascine par son sens de l’économie et sa justesse. La galerie de personnages qui composent ses œuvres est immense et ils subissent tous des transformations, déformations au fil des pages ; les personnages vieillissent, se dédoublent ou fusionnent et pourtant ils gardent leurs identités propres. Un détail, une pose, une grimace les identifient instantanément.
Au fil de l’histoire et des enjeux de plus en plus grands, son dessin perd le côté un peu cartoon des débuts, il s’éloigne de la ligne Tezuka (tous deux aiment mixer un dessin très réaliste avec un personnage cartoon pour créer des décalages pas forcément comiques) et explore de nouvelles pistes. Grand styliste, incroyable character designer, le dessinateur se dévoile dans une série de cours de dessin (également traduit chez Glénat) l’Apprenti Mangaka qui donne d’autres clefs de compréhensions de son univers multiple.
Si trente ans après, cette série fascine encore et entretient une production intensive c’est que les univers crées par Akira Toriyama semblent infinis et exister d’eux-mêmes tant la voix des personnages est forte. Des rappeurs aux youtubers, l’héritage de Dragon Ball est assez large pour embrasser des cultures différentes : avec son cocktail d’humour et de tension, cette œuvre fascinera et inspirera des générations de lecteurs pour longtemps.