Après un second tome relativement décevant, Orphelins, la série de SF militaire de Roberto Recchioni et Emiliano Mammucari revient aujourd'hui en libraire. Nous concluions notre dernière critique en date en précisant que le tome 3 allait déterminer le véritable intérêt de la série, et bonne nouvelle : il ne déçoit pas. Mieux, il relance notre curiosité pour cette aventure spatiale et guerrière.
Commençons par un petit rappel. L'album précédent développait assez largement le conflit entre une armée de terriens, menée par la troupe d'élite des Orphelins - qui donne son nom à la série - et une mystèrieuse race alien. Le scénariste Roberto Recchioni utilisait d'ailleurs tout l'espace à sa disposition pour bâtir de futurs enjeux et de grosses révélations. Seulement, au sein de ce bouquin, on ne trouvait pas une seule récompense narrative. L'auteur avait donc abusé du set-up, tout en repoussant le pay-off, laissant son spectateur franchement circonspect. Il y avait bien un peu d'action à se mettre sous la dent, mais pas grand chose d'autre. Même l'action ne suffit d'ailleurs pas à nous maintenir en haleine si elle n'est pas connectée à un minimum d'émotions.
Mais Robert Recchioni, sans doute très conscient de ses abus narratifs, entend les rétablir rapidement. Ou du moins, ce sont les révélations de cet album, ô combien salutaires, qui viennent corriger l'équilibre de la balance et ainsi, relancer notre intérêt pour la série. Trois tomes plus tard, nous nous sentons enfin connectés aux Orphelins qui servent de héros à la série, qui semblaient un peu traverser le récit auparavant : plus de personnages est souvent synonyme de moins d'attention sur leurs arcs respectifs. Et c'est bel et bien le cas dans Orphelins. Seulement, avec ce troisième tome, le lecteur est enfin récompensé et commence à se sentir investi des missions de nos super-soldats. Ce qui est d'autant plus important que ce nouvel album entend nous présenter une sorte de bataille finale.
Ainsi, si la structure d'Orphelins commence à être répétitive - les albums sont tous construits selon le même schéma, avec des flashbacks assez longs entre deux batailles et une scène de révélations - elle porte également ses fruits. Et à en croire les rebondissements promis pour le prochain tome (qui sera disponible en mars prochain) Orphelins devrait bientôt s'extraire de sa structure pour mieux nous surprendre. Recchinoni danse donc sur un fil, mais tout est bien qui finit bien.
Ou plutôt qui "commence" bien, puisque nous comprenons assez rapidement que cet album est pour la série synonyme d'un nouveau cycle, placé sous le signe de la rébellion, ce qui promet d'être très intéressant, dans le cadre d'une science-fiction militaire aussi stricte que celle-ci. On a hâte que sa pète, mais en attendant, revenons sur ce que nous propose Glénat aujourd'hui.
Toujours bien entourés d'un papier glacé et d'une édition souple qui rend l'écriture très appréciable, les dessins, ici signés Luca Maresca continuent de nous séduire. Humbles mais terriblement efficaces, ils dépeignent parfaitement l'action, toujours au rendez-vous dans ce tome. Dommage que Werther Dell'Erdera, qui s'occupe de la seconde partie de l'album, aie le trait moins assuré. Son travail reste dans la continuité de la série, mais après les planches très nettes et hyper-lisibles de son collègue, difficile de ne pas remarquer quelques petits accrocs.
Ce troisième tome d'Orphelins nous prouve définitivement que cette série de SF militaire, imaginée par la fine fleur du comic book italien, vaut vraiment le coup d'œil. L'action est toujours au rendez-vous, cette fois nuancée par un peu plus de subtilité et d'empathie, tandis que les révélations nous promettent de belles choses pour la suite.