La vie est faite de cycles et Ritsuko est en train de subir le « retour de Saturne », ou la crise de la trentaine, appelez ça comme vous voulez. En perdition après le succès fulgurant de son premier roman, cette autrice est depuis totalement improductive. Pire que ça, elle traîne un mal-être permanent qui plombe son quotidien. Pourtant, les apparences sont trompeuses, elle a de l’argent, un mari, un éditeur qui la sollicite beaucoup pour un nouvel ouvrage… En réalité, elle est poursuivie par le fantôme d’un homme, qui la hante depuis des années. Et ce qu’elle ne sait pas encore, c’est que ce qu’il avait prédit jadis va se produire, et ne fera que renforcer sa souffrance.
À la lecture de ce premier tome, on pense à Inio Asano et à ses œuvres intimes, sociales et sombres comme Bonne nuit Punpun ou Errance. Un terrible spleen palpable dans chacun des phylactères de cette série prend corps dans le dessin et la mise en scène d’Akane Torikai. La mangaka tient à garder une manière très traditionnelle de dessiner. Variant les approches picturales, son trait est plus aguerri qu’auparavant et apporte une palpable chair émotionnelle et dramatique à son œuvre. Porté par une intensité, une ambition et une subtilité plus prégnants que dans les précédents récits de l’autrice, Saturn return repose principalement sur son héroïne. Torturée, complexe, tiraillée par les hommes qui l’entourent, elle interpelle autant qu’elle fascine.
Saturn return d’Akane Torikai, Akata
Sortie février 2022
Illustration principale : SATURN RETURN © 2019 Akane TORIKAI / SHOGAKUKAN
Traduction : Gaëlle Ruel